Qui sont ils ?
Je vais vous parler ici des matériaux isolants composés de fibres naturelles, végétales ou animales, issues de différentes filières. On les trouve en général sous forme de panneaux ou en vrac.
La filière agricole : ce sont en général des co-produits générés par les cultures destinées à l'alimentation. La paille, le chanvre, la chènevotte, la balle de riz, la paille de lin, la laine, les plumes, et des associations innovantes de ces matériaux dans un même panneau isolant.
La filière forestière : fibre de bois sous différentes formes et densités, liège expansé (et minéralisé en cours de process).
Le recyclage : ouate de cellulose issue du recyclage de papier, métisse issu du recyclage textile.
On retrouve parmi tout cet éventail des possibles des produits innovants, techniques - tels que des panneaux de fibre de bois haute densité pour des sarking en toiture - des produits qui peuvent être traités ou bruts, jusqu'aux bottes de paille directement sorties du champs.


Des matériaux vulnérables ?
Les matériaux biosourcés sont encore souvent accueillis avec des craintes relatives à leur résistance aux moisissures, à l'humidité, au feu, aux rongeurs. C'est donc le moment de déconstruire certains aprioris sur ceux-ci autant que sur les matériaux conventionnels.
Les moisissures sont avant tout le fait d'humidité, quelque soit le matériaux employé. Les polystyrènes et polyuréthanes ne sont pas capillaires et bloquent la migration d'eau et vapeur d'eau, ce qui facilité la stagnation d'humidité au proche des défauts de construction. La laine de verre, très légère et mobile, favorise les défauts d'isolation à l'origine de points froids et points de condensation. Par ailleurs l'humidité détériore sa structure. Une laine de verre exposée à l'humidité peut perdre définitivement jusqu'à 20% de sa performance.
Les matériaux minéraux et chimiques fondent et/ou dégagent des fumées toxiques en cas d'incendie. L'opposé le plus intéressant est celui de la botte de paille : 5 à 10 fois plus dense que la laine de verre, elle étouffe le feu, telle un gros livre fermé qui ne brûlera pas mais se consumera en l'absence d'air en son sein.
Les rongeurs cherchent refuge et chaleur lorsque les températures extérieures baissent. Ils ne sont pas moins intéressés par les isolants conventionnels que biosourcés.
La pérennité d'une réalisation tient avant tout à sa bonne mise en œuvre et à des choix de conception adaptés à l'ouvrage concerné.
D'où l'importance d'un diagnostic minutieux du bien à rénover. La présence fréquente d'humidité dans les murs, par capillarité ou transfert de vapeur d'eau requiert l'emploi de matériaux capillaires. La recherche de performance thermique ne devra pas se faire au détriment de l'apparition régulière d'un point de rosée dans l'isolant ou en surface du mur isolé.
Par ailleurs, il s'agira de limiter les ponts thermiques, d'éviter les contacts entre isolant et réseaux froids (eau, ventilation), d'éviter les vides d'air, et surtout les défauts d'étanchéité à l'air qui dégradent fortement la performance de l'isolant installé et concentrent les transferts d'humidité.
Pour réduire le risque d'un départ de feu, il est primordial de respecter un écart au feu entre les matériaux isolants non--adaptés, conventionnels et biosourcés, et les sources chaudes (conduits de cheminée). Il faudra aussi protéger l'isolant de raccords électriques, l'idéal étant l'intégration d'un vide technique qui présente le double avantage de sortir l'ensemble du réseau électrique et plomberie de l'isolant, et de limiter les traversées du plan d'étanchéité à l'air.
Enfin, la meilleure protection contre les rongeurs sera l'installation de grilles adaptées aux entrées sous toitures et bardages.
Des matériaux pleins de ressources
Assez parlé des isolants conventionnels, je recentre à présent le sujet sur les biosourcés et leurs qualités. Leur pouvoir isolant d'abord, qualifié par R la résistance thermique ou λ (lambda) sa conductivité, dont les valeurs sont proches, rarement égalées, généralement moins performantes que les matériaux conventionnel. L'ajout de 2 à 5 cm d'isolant compensera ce manque ... En revanche, ils ont une excellente capacité thermique, 4 à 8 fois supérieure, et une densité double à triple, deux critères fondamentaux pour un bon déphasage thermique et confort estival.
Par ailleurs, la large variété des produits permet de s'adapter à différentes configurations : isolant phonique et/ou thermique, légers ou lourds, capillaires ou non, imputrescibles ou non, rigides ou non, support régulier ou non, bâti ancien ou moderne ...
A usage équivalent, les matériaux biosourcés sont soit plus ferme, plus rigide, plus compact, des atouts chacun en faveur d'une plus longue durabilité des ouvrages. D'autre part, leur vulnérabilités supposées et pointées par le reste de la filière ont poussé les acteurs de l'isolation écologique consciencieux à soigner leur mise en œuvre et tenir compte des problématiques de capillarité, transfert de vapeur d'eau et étanchéité à l'air, ce qui participe tant à la pérennité des réalisations que leur performance.
On peut aussi se pencher sur le cycle de vie de ces matériaux, beaucoup plus vertueux que leurs homologues : énergie grise et CO2 gris, c'est à dire émis à la production, considérablement plus faibles, et traitement des déchets moins impactant : ils sont au pire compostables, éventuellement réemployable dans le cadre d'une mise en œuvre et démontage rigoureux. La prise en compte des cycles de vies liés à notre consommation de logement devient fondamentale à la lumière des enjeux qui se présentent à nous.
Enfin, ce sont des matériaux plus sains pour l'ouvrier et pour l'usager. Ils comportent éventuellement un peu de chimie : quelques % de fibres de polyester pour certaines fibres de bois, quelques % de sel de bore (ou d’ammonium suivant les périodes) pour la ouate de cellulose, sans commune mesure avec le contenu des matériaux conventionnels et leurs impacts sur les plus fragiles : enfants et séniors. Et ils n'irritent pas la peau lors de la pose et dépose au grand plaisir des artisans !


Il s'agit ici de développer certaines notions abordées en propos introductif sur la page d'accueil de ce site. Pas de façon exhaustive et irréfutable, mais avant tout pour matérialiser mes réflexions sur la rénovation et, qui sait, peut être vous emmener avec moi ?
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