Le constat de départ
Plusieurs points de départs sont possibles pour qualifier le besoin de rénover nos logements : rapports et scénarii du GIEC, accords de Paris signés collectivement lors de la COP 2015, adaptation au climat changeant sous l’œil du confort thermique ou des difficultés économiques à chauffer en hiver ou maintenir frais en été nos logements.
Pour son caractère quantifiable, collectif et engageant je considère pour ma part les accords de Paris, dont l'engagement est de réduire le réchauffement climatique à +2°C* en 2100, relativement à la période préindustrielle de 1850-1900. Cela se traduit par un "budget carbone" qui, réduit par an et par habitant, fixe une cible d'émission à long terme de 2 tonnes équivalent-CO2.
A titre de comparaison, les émissions individuelles en 2024 s'élèvent en moyenne à 9,4 téqCO2 par an et par habitant en France, importations comprises.
Le logement représente à ce jour 15%** des émissions de gaz à effet de serre intra- et extra-territoriaux de France, soit dans l'absolut 1,4téqCO2 par an et par habitant en moyenne, reposant sur 30.6 millions de foyers.
* l'alternance des périodes glaciaires/interglaciaires reposait sur une variation globale du climat de 4°C
**23% pour la construction et l'exploitation conjointement des parc tertiaire et logement.
Le potentiel de rénovation du parc existant
Certains bâtiments ne peuvent pas bénéficier d'une rénovation performante, pour des raisons de préservation du patrimoine notamment.
Pour l'ensemble des autres logements, la réduction de nos émissions de GES doit nous amener à transformer le parc construit de classes de consommation énergétique C à G aux classes A et B.
Nous avons construits en 2024 250'000 logements neufs en France, dont les performances répondent aux attentes futures par respect des normes. 430'000 en avaient été construits en 2017. Ce volume de logements neufs est contraint à plusieurs niveaux : entreprises et ouvriers compétents, marché de l'immobilier, ressources disponibles limitées*, gestion des déchets des démolitions permettant la mise à disposition de surfaces artificialisées etc... Une partie de ce parc neuf répond par ailleurs à notre accroissement démographique et à une demande de logements secondaires.
Une transformation rapide du parc existant suppose donc une rénovation massive des logements classés C et inférieurs, de l'ordre de 300'000 à 500'000 par an, intégrant pour chaque projet une réflexion globale et performante.
28'000'000 logements classés C ou inférieurs.
Rythme 250'000 + 300'000, transformation du parc à l'horizon 2075
Rythme 350'000 + 500'000, transformation du parc à l'horizon 2060
*flux de production de ciment, réserves de sables à béton sous contrainte etc.
Rénovations contre-productives ?
Les GES émis lors de la construction, la rénovation et l'usage de nos logements ont une durée de vie longue, à très longue, dans l'atmosphère. de l'ordre de la centaine d'année à plusieurs centaines d'années pour certains (fluides frigorifiques des climatiseurs et pompes à chaleur). Ils sont émis lors de la production des matériaux, leur transport, les travaux eux même, l'exploitation du bâtiment, chauffer, refroidir, éclairer, ventiler, puis son démantèlement.
Les techniques et matériaux de constructions et de rénovations conventionnels sont fortement émetteurs de CO2 : acier, ciment (fusion de calcaire et argile à très haute température), isolants minéraux (panneaux de "barbe-à-papa" de verre et de roche fondus à haute température), isolants dérivés de la pétrochimie.
Je vous propose quelques interprétations du tableau ci-dessus, issus d'une publication de 2025 de l'ANAH :
- les émissions de GES sont exprimées moyennées par habitant
- une rénovation conventionnelle, très carbonée, s'approche de 4 années d'émissions d'un Français moyen ou 25 années de "consommation de logement" moyenne d'un Français. Ce GES est émis à l'instant "t" et contribue au réchauffement du climat pour au moins 100 ans. Dans un contexte de rénovation massive du parc existant, cela revient à précipiter nos émissions de GES et réduire nos marges de manœuvre vis à vis d'un budget carbone pré-établi et contraint. Le "retour sur investissement GES" de cette rénovation a lieu sous 30 ans environs.
- une rénovation peu carbonée s'approche d'1 années d'émissions individuelle moyenne ou 7 années de consommation de logement moyenne. Le retour sur investissement est abaissé à 15 ans environs. Soit une division par 2.
- une rénovation conventionnelle ne réduit que de partiellement les émissions moyennes de logement d'un Français, en tenant compte de l'acte de rénovation. L'émission de 0,9 téqCO2/an/hab n'est pas compatible avec un objectif de maintient du réchauffement climatique sous l'objectif de +2°C en 2100.
- une rénovation peu carbonée réduit fortement les émissions moyennes de logement d'un Français, en tenant compte de l'acte de rénovation. Une division qui s'approche d'un facteur 3,6, semblable à l'objectif de division de notre empreinte carbone globale par 4,7. Le chemin restant à parcourir peut se manifester par une amélioration des pratiques dans les métiers de la rénovation, mais aussi par nos usages : surface de plancher par habitant, résidences secondaires, familles éclatées etc.
Cette étude publiée par l'ANAH, commandité à un cabinet de conseil, porte sur quelques études de cas représentatives des principaux cas de figures dans lesquels les aides MaPrimeRénov' sont sollicitées, et permet d'identifier des tendances générales. Elle souligne l'effet significatif des efforts fait pour privilégier des rénovations peu carbonées, dans lesquelles les matériaux biosourcés et géosourcés ont une grande part à jouer.
Il s'agit ici de développer certaines notions abordées en propos introductif sur la page d'accueil de ce site. Pas de façon exhaustive et irréfutable, mais avant tout pour matérialiser mes réflexions sur la rénovation et, qui sait, peut être vous emmener avec moi ?
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